Ce thème me tenait à coeur depuis un moment déjà, il a fallu trouver le temps de réunir la documentation nécessaire.
Bien entendu, je n’ai pas la prétention de dresser un panorama exhaustif sur la question, le choix des oeuvres comme des artistes est arbitraire pour servir mon propos.
N’hesitez pas à apporter votre contribution dans les commentaires.
S’il existe un domaine oú les personnages maigres son rares, c’est bien celui de l’histoire de l’art.
Car pour une humanité qui a passé une grande partie de son temps à assurer sa survie, le beau, l’idéal ne peut se concevoir que dans des figures de personnages gras et replets symbolysant la survie et l’abondance.
Il faudra attendre que l’humanité ait atteint l’abondance (du moins en Occident) pour concevoir de peindre des personnages moins en chair.
L’art byzantin
L’art byzantin mérite qu’on s’y attarde puisque c’est la seule forme d’art qui fait la part belle aux silhouettes fines.
Il s’agit d’un art religieux très codifié où la maigreur symbolise la mystification.
Musée Nat. D’Art de Catalogne
Ph. JL Mazieres
Le Moyen-Age
De même, au Moyen-Age l’influence byzantine se manifeste par la persistance des silhouettes maigres.
La maigreur des personnages augmente avec leur caractère sacré.
Vierge à l’enfant et saintes
JL Mazieres-VisualHunt
Dans l’art religieux, c’est avant tout le sentiment de compassion qui doit naitre de l’œuvre.
Le Christ est maigre pour que sa Passion soit dramatique à souhait :
Ph. JLouis Mazieres @VisualHunt
Pour le reste et quelle que soit l’époque, le personnage maigre introduit une dimension dramatique dans l’œuvre artistique.
Photo JLouis Mazieres @VisualHunt
Soit La Faucheuse n’est jamais loin.
Soit il évoque la peur, la mort, l’Enfer ou le danger :
A partir de la Renaissance, des rondeurs, toujours
A partir de la Renaissance l’art prend véritablement son indépendance vis-a-vis de la religion chrétienne et on revient aux fondamentaux de l’art grec ancien, avec des personnages pleins et replets.
Ainsi,
. La Renaissance :
Ph. JLouis Mazieres@VisualHunt
Ou encore :
Photo : JLouis Mazieres @VisualHunt
Ainsi dès la Renaissance et la fin de l’art religieux, ce sont les figures grasses qui s’attirent les faveurs des artistes.
Et ce mouvement ne s’arrêtera jamais, devenant pratiquement la norme en matière artistique.
Ph. JL Mazieres/VisualHunt
Une exception notable : le peintre de la Renaissance espagnole Le Greco, influencé par l’art byzantin.
Ph. JL Mazieres
Après la Renaissance :
Au 17ème siècle
Paul Rubens 1616
Photo JLouisMazieres@VisualHunt
JL Mazieres-VisualHunt
Au 18ème siècle
rocor-VisualHunt
Au 19eme siècle
La liberté guidant le peuple-1830
Storm Crypt/VisualHunt
Ph. Gandolf’s Gallery/VisualHunt
Au 20eme siècle
Ph. JL Mazieres/VisualHunt
Ph. wallig/VisualHunt
Ph. Sharon Mollerus/VisualHunth
Ph. wallig/VisualHunt
Il faudra attendre la seconde moitié du 20eme siècle pour que les silhouettes longilignes soient mises en avant par le sculpteur suisse Alberto Giacometti lui-même influencé par l’art égyptien.
L’homme qui marche-1960
Giacometti est le seul artiste à avoir poussé aussi loin la représentation de personnages longilignes.
Giacommetti Brin d’os
20 décembre 2018 @ 22 h 04 min
Oh, rassure-toi, ça a changé depuis 😉
Brutesse
20 décembre 2018 @ 13 h 06 min
Alors, pour moi qui déteste l’hyper sexualisation du corps partout (même pour un deo faut mettre des gens en mode pute de porno dans la pub et voir des nibards!) je trouve ça cool de me dire que dand l’histoire, les “grosses” étaient les bonnasses sur qui ont se paluchait et que les maigres representaient la mort. C’est quand meme plus badass !!!
Au plaisir de te relire !!
Giacommetti Brin d’os
12 septembre 2018 @ 18 h 54 min
Tu as raison de mentionner les proportions. La perspective aussi change avec les époques. Certains ont avancé que les formes rondes sont tout simplement plus faciles à peindre. Sinon Giacometti c’est un clin d’oeil bien sûr 😉
La Belle Bleue
12 septembre 2018 @ 18 h 27 min
Haha ça vient de là ton pseudo FB (Giacometti) ?!!
Sinon, c’est vrai que les figures grasses sont représentées, selon les époques, elles représentent l’abondance et la richesse. Sans oublier aussi que surtout avant la Renaissance, les peintres avaient une vision assez particulière des proportions, ce qui fait qu’une personne ni grosse ni maigre est proportionnée bizarrement et apparaît plus grasse que ne l’aurait voulu l’artiste !
Encore que la Vénus de Botticelli n’est pas grasse, elle n’est pas famélique mais bon elle n’est pas grasse !
Giacommetti Brin d’os
10 septembre 2018 @ 20 h 22 min
Comme quoi c’est un’juste retour des choses 🙂 En même temps, qu’une société plébiscite les maigres, c’est le signe que tout le monde est repu !
mindandbeauty
10 septembre 2018 @ 20 h 11 min
Je n’avais pas fait attention à ça. C’est vrai que les formes sont plutôt mises en avant dans l’art. C’est ironique quand on voit les clips d’aujourd’hui et les podiums qui eux font l’apologie de la minceur.
Tia
Giacommetti Brin d’os
9 septembre 2018 @ 20 h 53 min
Chacun voit midi à sa porte 😉
slowandcute
9 septembre 2018 @ 20 h 48 min
Très bel article! Bien entendu, je ne m’étais jamais posé la question! ET c’est vraiment intéressant de le voir…