J’ai appris la nouvelle au saut du lit, dans mes alertes Google : enfin une vraie mesure qui va réellement changer le sort des mannequins !
Comme je l’appelais de mes voeux dans ce post, une Charte de bonne conduite a été signée par des employeurs de mannequins : LVMH et Kering.
C’est un tout petit début, mais quand on commence à avancer, chaque pas compte, surtout le premier 😉
Que contient la Charte ?
La charte s’intitule sobrement Charte sur les relations de travail et le bien-être des mannequins : on n’y avait pas pensé avant ?
Elle a été rendue publique le mercredi 6 septembre 2017, à la veille de l’ouverture de la Fashion Week New-Yorkaise : c’est puissant d’avoir choisi cette date. Tous les acteurs sont présents, et je suppose que les signataires veulent pour leurs images de marques apparaître comme des précurseurs, soucieux du bien-être de celles qui mettent leurs produits en valeur, et inciter les autres employeurs à les suivre.
Il n’empêche, c’est un acte important, venant de deux grands employeurs de mannequins.
Cette charte est applicable immédiatement, dans le monde entier.
Ses promoteurs s’engagent à remettre un peu d’humanité dans la façon dont sont traités les mannequins (sic), c’est-à-dire :
- bannir des défilés les plus petites tailles, 32 & 34 français (une taille 32 européenne correspond à un 34 français) pour les femmes, 44 pour les hommes (les femmes dont il s’agit ici font généralement plus d’1,70 m)
- ne plus embaucher des moins de 16 ans pour des vêtements destinés aux adultes
- encadrer les conditions de travail des mannequins les plus jeunes, c-à-d de 16 à 18 ans
- encadrer les situations de nudité ou semi-nudité
- et surtout elle va plus loin que la loi votée en France pour protéger les mannequins : le certificat médical, ce sera tous les 6 mois, au lieu de tous les 2 ans prévus par la loi.
Pourquoi une charte, c’est mieux qu’une loi
Une loi, c’est une obligation venue de l’extérieur, dont on fait tout généralement pour ne pas l’appliquer (du moins en France, 😜)
Une Charte c’est (dit le Petit Larousse) une règle fondamentale qu’on s’engage à respecter.
Là se trouve la différence : les signataires de cette charte ont pris des engagements précis, qui pourront les faire rappeler à l’ordre, s’ils s’en éloignaient.
Et ça, ça change vraiment la donne. On n’est plus dans une configuration où on doit s’accommoder parce que c’est la loi. Ici on est devant une décision concrète prise par des employeurs : agences de mannequins, marques, créateurs …
Une décision qui va faire rêver les jockeys qui réclament depuis si longtemps eux aussi une augmentation de leurs poids de courses.
Qu’est-ce qui va changer pour les mannequins ?
D’abord ce qui ne changera pas pour les mannequins : elles n’ont toujours pas leur mot à dire, on ne sait de leurs problèmes que ce qui nous est rapporté par les uns et les autres.
Perso, je n’ai jamais vu ni pétitions, ni grèves, ni manifestations de leurs mécontentements, contrairement aux jockeys qui ont fait circuler une pétition pour que leurs poids de courses soient revus à la hausse pour les mêmes raisons : anorexie, problèmes de santé, stress de ne pas pouvoir monter pour un kilo de trop.
Il est curieux de constater qu’on a dû attendre aujourd’hui que les modeux pensent enfin à “remettre un peu d’humanité dans la facon dont sont traités les mannequins”.
On se demande de quelle façon il s’agit 😉
Comme du bétail ? Des carcasses qui attirent l’attention sur les vêtements qu’elles portent ? Des filles en situation de faiblesse, des anorexiques dont on peut abuser autant qu’on veut ?
Et qu’est-ce qu’un peu d’humanité ?
Occupons-nous de nos oignons
Ben oui, parce que des oignons, nous en avons dans cette affaire.
Imaginez qu’ils retirent du marché toutes les tailles 34, les XS, taille 0 😉
Qu’est qu’il nous reste ? (Les tailles 32, c’était déjà cuit, mais là, c’est mort : old memories 🙁 )
J’ai apprécié l’argument comme quoi c’est ridicule de faire des taille32, vu qu’il n’y a personne qui fait cette taille 🙁
Je vous le disais : ils ne savent pas qu’on existe ! La taille32 c’est une taille de podiums !
Giacommetti Brin d’os
6 décembre 2017 @ 20 h 22 min
Honnêtement, quand tu vois les premiers rangs des défilés, tu vois qu’il y a clairement un problème entre celles qui regardent et celles qui défilent. Mais est-ce que ça les ferait vraiment rêver de voir les mêmes silhouettes que les leurs sur les podiums ? Pour l’instant, les seules réactions que j’ai vues sur les mannequins grande taille c’est toujours :”j’espère que je ne suis pas comme elle quand même !”
Brutesse
6 décembre 2017 @ 19 h 52 min
Je trouve ça bien d’encadrer le métier de mannequin, mais je ne pense pas que chiffrer une taille (ou un poids, un IMC…) soit une bonne solution, tout simplement parce que je pense (bon d’accord, ça relève du fantasme) que toutes les morphologies ont leur place dans un défilé. Je suis très grande et très maigre, malgré les choucroutes à répétition de maman, et on n’y changera rien. Ces femmes sont peut être dans la même catégorie et ne doivent pas être exclues parce qu’elles ne rentrent plus dans les cases. À l’inverse, j’espere qu’on va commencer à voir des femmes avec des formes, des vraies sur les défilés, parce qu’une paire de fesses rebondies, c’est quand même plus joli dans un jean! Il faudrait, dan un monde idéal, que les créateurs choisissent des mannequins qui ont des morphologies différentes, parce que chaque morphologie/corpulence a ses atouts !
Bon, je vais déménager au monde des Bisounours je crois….
Taille32 : et nous, on n'existe pas peut-être ?
1 octobre 2017 @ 11 h 49 min
[…] un précédent billet, j’expliquais qu’à mon avis, la charte signée par LVMH et Kering allait faire bouger […]